"Sans les animaux, le monde ne serait pas humain"
Tel est le titre du livre de Karine Lou Matignon qui, après le succès du best-seller collectif - "La plus belle histoire des animaux" (éd. Le Seuil 2000) -, a publié un ouvrage qui prolonge cette quête et la pousse nettement plus loin.
Voici un (tout) petit extrait du chapitre qu’elle a consacré à Boris Cyrulnik.
Karine Lou Matignon Nos odeurs, regards, gestes et paroles parlent aux animaux ?
Boris Cyrulnik Lorsqu’un bébé humain pleure, cela nous trouble profondément. Si l’on enregistre ces cris et qu’on les fait écouter à des animaux domestiques, on assiste à des réactions intéressantes : les chiennes gémissent aussitôt, couchent leurs oreilles. Elles manifestent des comportements d’inquiétude, orientés vers le magnétophone.
Les chattes, elles, se dressent, explorent la pièce et poussent des miaulements d’appel en se dirigeant alternativement vers la source sonore et les humains.
Il semble exister un langage universel entre toutes les espèces, une sorte de bande passante sensorielle qui nous associe aux bêtes.
Dès qu’il s’agit de captiver l’animal, le sens du toucher devient aussi un instrument efficace. Chez l’homme, le toucher est un canal de communication très charpenté parce que c’est le premier à entrer en fonction, dès la septième semaine de la vie utérine. Cela dit, l’absence de toucher et au contraire l’approche neutre donne aussi des résultats.
Il y a quelques années, j’ai amené des enfants dans l’enclos des biches du parc zoologique de Toulon. Parmi eux, des psychotiques. A notre grande surprise, nous avons vu une petite fille trisomique, élevée en milieu psychiatrique, se serrer contre une biche, qui l’avait laissée venir à elle sans bouger le moins du monde.
La même biche sursautait lorsqu’elle approchait un enfant non handicapé, en s’enfuyant à vive allure, dès qu’il se retrouvait à trois mètres d’elle. Nous avons filmé et analysé ces séquences.
Les enfants psychotiques, perdus en eux-mêmes, évitent le regard, marchent de côté et doucement. Les autres enfants regardent les animaux en face, sourient et montrent les dents, ils lèvent la main pour caresser l’animal et se précipitent vers lui. Autant d’actions interprétées comme des agressions.
Pour plus d'informations, voir l'extrait sur le site internet : http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=805